52 Portraits
« Chacun porte en lui une histoire. Une raison simple de faire des rencontres. »
Stéphanie est médiatrice. Elle se décrit aussi comme « boulimique de formations », le tout dans des domaines connexes à celui de la médiation familiale.
Stéphanie a été avocate au barreau de Liège, principalement en droit de la famille, et ce pendant dix années. Elle me raconte : « J’avais l’impression que je m’éloignais de ce pour quoi j’avais fait le droit. Au départ je voulais être porte-parole des personnes et m’engager à leurs côtés. Porter leur dossier, leur vie. J’ai pris conscience qu’en réalité on réalimentait le conflit. Je n’ai plus voulu me voir là-dedans. Je me suis alors dirigée vers la médiation. »
Ce tournant a surtout marqué pour elle une étape phare de son parcours de vie. « Je me suis rendu compte du fait que je n’étais plus cohérente avec moi-même. Mon corps m’a lâché, d’une certaine manière, en me disant stop. C’est assez compliqué de rebondir quand on vit une situation d’épuisement professionnel. Mais lorsqu’on fait par la suite les bonnes recherches, on retombe sur ses pattes et on prend conscience de l’aspect constructif. »
Mais pourquoi la médiation en particulier ? Quelle motivation peut bien se trouver à la base d’une telle dévotion ? « Petite, je me demandais ce que je laisserais de moi. J’étais fort idéaliste. Ça s’est tourné vers le droit et maintenant vers l’accompagnement de personnes dans le travail du lien social. Et travailler ce lien avec elles, c’est fondamental. Cette trace-là, ce serait de mettre en place une structure pour permettre aux personnes en situation conflictuelle de rétablir une forme de communication, de confiance respective minimum pour avoir une co-parentalité possible. C’est un projet de vie. Ça prendra peut-être des années pour que ce soit comme je l’imagine, mais l’idée est là. »
Mais faire de bonnes recherches n’est pas toujours évident. Vers quoi devons-nous tendre ? « Il faut trouver son vrai soi, sans se conformer aux attentes des autres. Toujours faire un plus gros travail de recherche d’authenticité. Ce qui fait qu’on se sent heureux, c’est quand on est au plus proche de ce qu’on est. D’ailleurs le bonheur, c’est pouvoir faire de vrais choix, mais qui sont en phase avec ce qu’on est. Se sentir cohérent. Et avoir le choix n’est pas quelque chose d’évident. Souvent, on veut coller aux attentes des autres, de nos proches, de nos parents et on est pas vraiment libre. »
J’aime particulièrement les gens passionnés. Ceux qui ont des rêves. Ceux qui se cherchent dans d’autres domaines de la vie. Je lui demande alors où elle se réalise en-dehors de son travail ? « Je fais de la musique depuis toute petite. Ça a aussi toujours été mon dilemme. Là où je me trouve bien, c’est aussi sur une scène. Elle me crie « viens » ! Il reste toujours un tiraillement en moi lorsque je vais voir un concert ou un opéra. Pour l’instant je comble ce manque en participant à une chorale moderne. Ça permet aussi de décharger ce que j’accumule dans ce métier assez fort. »
Curieux des découvertes qu’elle peut me proposer, je lui demande : « Je voudrais que chacun découvre la psychologie systémique et les théories constructivistes. Souvent on croit parler de la réalité lorsqu’on donne son point de vue. Que ce dernier est la réalité. Mais chacun la perçoit à sa manière, en fonction de ses émotions, de ses croyances, de sa vie, de sa grille de lecture. En prendre conscience, ça permet réellement de relativiser. Réaliser que l’autre a une autre lecture de la réalité et croiser ces lectures, c’est le constructivisme. »
Pour terminer, et parce que la question est assez pertinente lorsqu’elle est adressée à une médiatrice familiale, je lui demande ce qu’est l’amour vrai : « L’amour, c’est être connecté à l’autre. C’est être une équipe qui évolue ensemble. Se dire que si à un moment donné l’un flanche, par volonté d’avancer en lui par exemple, l’autre est prêt à modifier sa manière de voir et évolue aussi en fonction de l’autre. Si le couple parvient à cela c’est que vraiment il y a de l’amour. »
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